les élèves et la presse

http://www.humanite.fr/2008-04-03_Societe_-Ne-pas-rester-les-bras-croises : A LIRE: Nos rédacteurs en chef: « Ne pas rester les bras croisés »
MEHDI BERKOUKI, LYCÉE JEAN-ROSTAND, VILLEPINTE (SEINE- SAINT- DENIS).

La mobilisation lycéenne à Jean-Rostand a été assez tardive. En fait, ce sont les profs qui ont manifesté en premier leur mécontentement face à la politique du gouvernement à l’égard de l’éducation nationale. Une première journée de grève a eu lieu, puis une seconde. Je suis en terminale littéraire et, lorsque ma prof de philo nous a annoncé pour la seconde fois qu’elle ne serait pas présente au lycée, les élèves de ma classe ont montré leur volonté de comprendre ce contre quoi le corps enseignant manifeste. C’est ainsi qu’a eu lieu notre prise de conscience face aux réformes de l’éducation nationale. Par la suite, jeudi 27 mars, une petite dizaine d’élèves de mon lycée ont rejoint nos profs dans la rue. Le lendemain, le lycée a été bloqué. Mais nous avons vite compris que le blocus n’était pas une finalité et qu’il était nécessaire de monter un groupe de réflexion, composé de volontaires, ayant pour mot d’ordre d’informer les élèves sur les avancées de la lutte, ainsi que la mise en place d’autres moyens d’expression. Il est nécessaire de comprendre que ces réformes ne sont pas simplement des réformes liées à l’éducation nationale ; ce sont des réformes qui vont changer la société dans laquelle nous vivons. L’éducation nationale est le premier budget de l’État. Il est donc facile de comprendre qu’elles ne sont pas faites dans le but d’améliorer la qualité de l’éducation française, elles sont le fruit de réflexions purement économiques. Si rien ne change, nous nous retrouverons dans une société où l’égalité des chances et « l’ascenseur social » ne seront que des chimères. Ce que je trouve aussi vraiment triste, c’est qu’à chaque moment nous nous battons pour garder une certaine crédibilité. J’ai peur que les médias ne relayent comme seule information les dégâts engendrés par la présence de casseurs et non pas le formidable élan de solidarité, palpable par tous, lors de la manifestation du 1er avril. La majorité des lycéens sont mineurs, ce gouvernement et ces réformes nous sont purement imposés. Notre seul moyen d’expression reste la rue. Et j’ai mal au coeur lorsque je vois aux différents journaux télévisés le nombre de manifestants, variant de 4 500 pour les forces de polices à 14 000 pour les organisations lycéennes. Une marge de 10 000 personnes, c’est hallucinant… J’ai l’impression que le gouvernement tente de contenir le mouvement, il est donc de notre devoir de ne pas baisser les bras face au silence de celui-ci.